Filière brassicole, entre excellence et vigilance
ARVALIS – Institut du végétal, en partenariat avec Brasseurs de France, Malteurs de France, Intercéréales et l’AGPB, a réuni plus de 200 acteurs de la filière brassicole pour le 22ème colloque Orges Brassicoles. La journée a confirmé la capacité de résilience de la filière, tout en restant vigilant face au contexte géopolitique international et à la forte hausse des coûts de production.
Point d’orgue du colloque, la table ronde réunissant Magali Filhue, déléguée générale de Brasseurs de France, Maxime Costilhes, directeur général d’Intercéréales, Jean-Philippe Jelu, président de Malteurs de France, Baptiste Soenen, chef du service Agronomie Économie Environnement d’ARVALIS – Institut du végétal, et animée par Franck Wiacek, directeur des Actions régionales d’ARVALIS – Institut du végétal, a permis de mettre en exergue les points forts de la filière en France :
• La brasserie est dans une dynamique importante, de 250 en 2006 à plus de 2 300 brasseries aujourd’hui.
• La production française de malt est leader mondial (80% de la production est exportée).
• Un engagement RSE de filière avec des projets de décarbonation sur les activités industrielles de maltage et de brassage, et sur la production de l’orge de brasserie avec une empreinte carbone des orges françaises parmi les meilleures du monde.
• Les orges brassicoles françaises sont mondialement reconnues pour leur qualité, avec la spécificité française de produire des orges 6 rangs hiver brassicole, grâce à un contexte pédoclimatique favorable.
Et quelques points de vigilance :
• Le contexte géopolitique mondial crée des tensions sur le prix des intrants comme sur l’offre et la demande à l’échelle mondiale.
• L’ambition de réduction de l’empreinte environnementale des activités agricoles et industrielles, de la stratégie européenne Farm to Fork, est partagée par les acteurs de la filière, mais ils alertent sur les moyens exigés pour l’atteindre.
Pour conclure, Éric Thirouin, président de l’AGPB, est revenu sur les conséquences délétères de la situation géopolitique internationale quant au prix des intrants sur les résultats de la récolte 2023 et à la stabilité des marchés mondiaux. Le plan de résilience économique et sociale présenté par le gouvernement français (16/03/22) sera-t-il suffisant pour répondre aux enjeux des professionnels ?
Le bilan dressé sur la production comme sur la transformation et la consommation montre la grande capacité de résilience de la filière Orges Brassicoles, surtout après deux années de crise sanitaire et son impact sur tous les métiers de l’interprofession. La responsabilité sociale et environnementale de la filière est un atout majeur pour son avenir et pour assurer une production de qualité en quantité.
Perspectives internationales, européennes et françaises du marché de l’orge brassicole
Aujourd’hui les principaux exportateurs mondiaux d’orge sont l’Union européenne et le Royaume-Uni, la Russie, l’Australie, l’Ukraine, le Canada et l’Argentine pour l’export, la Chine et l’Arabie saoudite sont les premiers importateurs suivis de l’Iran et de la Turquie.
La situation géopolitique mondiale, notamment les conséquences de la guerre en Ukraine et la dégradation des relations commerciales entre la Chine et l’Australie, a eu et aura un impact majeur sur le marché international de l’orge.
D’autres facteurs sont à prendre en compte :
- Le risque de dévers des fournisseurs d’orge brassicole vers l’orge fourragère (demande croissante et prix en hausse).
- La place à venir de l’orge dans les assolements, fonction des évolutions prévisibles des charges de production entrainant des arbitrages entre culture.
- Les stocks de fin de campagne sont très bas dans l’hémisphère Nord, les capacités d’exportation de l’Australie et de l’Argentine sont indispensables à l’équilibre du marché mondial.
- Dans ces conditions, tout accident climatique dans un grand pays producteur-exportateur déstabiliserait fortement l’ensemble du marché.
L’équilibre entre l’offre et la demande à l’échelle internationale est particulièrement fragile sur le marché de l’orge brassicole. La filière française relève le défi de répondre conjointement aux attentes des agriculteurs, des malteurs et des brasseurs, notamment par l’innovation technologique comme la sélection de nouvelles variétés.
Valorisation de la récolte 2021
Plus aucune année ne se ressemble d’un point de vue agro-climatique, et tout le savoir-faire de l’ensemble des maillons de la filière orge-malt-bière est d’en tirer chaque année le meilleur. L’observation du pouvoir germinatif de l’orge récoltée sur une longue période, compte tenu des conditions de récolte de juillet 2021, a notamment révélé une prise d’eau rapide lors de la trempe mais avec une très forte sensibilité à l’eau pour les malteurs et une température de gélatinisation plus élevée pour les brasseurs.